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Oralité ?

Étagère à livres

A la Réunion, le conte se dit « mangé pour cœur » et en Colombie « La faim de l’âme ».

La parole contée vient poser ses sédiments au plus profond de notre être et nous fait bouger, elle porte l’espoir, réanime le désir qui nous fait avancer et nous donne ainsi le courage de se transformer. Le conte touche notre intelligence sensible, réactive nos mémoires émotionnelles.

Qu’est-ce que le conte et l’oralité ?

 

Les contes merveilleux nous aident à vivre, à dépasser nos peurs, nos angoisses, à faire face à la mort, à la séparation... Ils sont une ode à la vie, car malgré toutes les épreuves que traverse le héros, il réussit toujours à triompher des obstacles. Dans les contes, la vie sort toujours gagnante, c’est-à-dire belle, merveilleuse. La mort même n’est qu’une forme nouvelle de vie.

Les contes facétieux, eux, sont ancrés dans l’humain, ils expriment la joie, et portent un message caché sur l’art de vivre en société, en harmonie avec les autres.

Loin des actualités toujours sensationnelles mais souvent morbides, loin des raisonneurs qui concluent toujours à des catastrophes prévisibles voire inévitables, les contes nous ancrent dans la parole symbolique. La psychanalyse lacanienne décrit le Sujet en équilibre sur 3 pôles : Réel – Symbolique – Imaginaire, le symbolique étant un préalable nécessaire à l’expression d’un imaginaire. Nos sociétés occidentales favorisent une hypertrophie du Réel et une approche trop intellectuelle du monde et nous avons besoin du conte pour renouer avec le langage symbolique, qui  permet d’exprimer l’indicible, le langage du rêve, de la parabole, de l’image, du ressenti… Le conte est un mensonge qui exprime la vérité des paroles inconscientes. Il guérit les rêves blessés !

Le conte n’apporte pas une connaissance, ne nous dit pas ce que nous avons à faire. Il relie les hommes entre eux et les connecte à leur environnement. Il leur dit « C’est possible, écoute ta chance, ne crois pas au hasard mais observe les synchronicités... »

Le conte, en traversant le conteur, prend une forme, un style chaque fois renouvelés. Mais sa structure originelle persiste et traverse les époques et les continents. Le conteur joue avec le divin, le symbolique, l’onirique. Il dépasse la réalité matérielle car celle-ci réduit les possibles.

Les conteurs s’expriment par les mots mais aussi leur voix, leur corps, leurs mémoires émotionnelles… Ils ne sont pas des artistes ordinaires ni des amuseurs, mais des passeurs. Ils ont les deux pieds bien ancrés en terre, dans la réalité, mais ils portent la parole symbolique, et relient les hommes par leur parole.

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